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AFC déploie ses ailes sur le continent : 12, 7 milliards $ investis depuis sa création

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En investissant dans le parc éolien Red Sea Power à Djibouti, l’AFC tisse un peu plus sa toile sur un continent où elle a déjà diversifié ses investissements — en énergie, transport, ressources minières, télécommunications, et industries lourdes — dans 36 pays. Basée à Lagos, l’institution se dit plus que jamais résolue à essaimer davantage le continent de projets structurants.

Dimanche 10 septembre 2023, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh inaugurait le parc éolien Red Sea Power (RSP). Un événement marquant pour le pays, où la première installation éolienne a pris forme près de la baie de Ghoubet. Le projet, d'une capacité de 60 mégawatts, devrait augmenter la capacité énergétique nationale de 50 % tout en évitant 252 500 tonnes d’émissions de CO2 par an.

Avec un financement de 122 millions de dollars, cette infrastructure est le résultat d’un effort collectif d’un consortium international. Ce groupe est composé de l’Africa Finance Corporation (AFC), basée au Nigeria, la Banque néerlandaise de développement dédiée au secteur privé (FMO), le gestionnaire de fonds Climate Fund Managers (CFM), et la société d’investissement Great Horn Investment Holding (GHIH), détenue par l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti (DPFZA).

Le développement accéléré de ce projet ténor, achevé en seulement 22 mois, atteste de l’efficacité du consortium d’investisseurs, au sein duquel l’AFC a joué un rôle central en tant que développeur ou promoteur principal.

Pour l’institution financière panafricaine, cet investissement à Djibouti n’est pas un cas isolé. Il s'inscrit dans une stratégie plus large d'implantation, adaptant ses approches aux variations des contextes économiques et politiques, tout en restant fidèle à sa mission première : accélérer le développement en Afrique par des investissements ciblés dans les infrastructures durables et structurantes. D’autant que sur le continent, le chantier semble colossal.

D'après la Banque Africaine de Développement (BAD), l'Afrique a besoin de 108 milliards de dollars annuellement pour combler son déficit en infrastructures.

Un major en expansion

Fondée en 2007, Africa Finance Corporation (AFC) qui cherche à combler ce déficit infrastructurel est rapidement devenue un acteur majeur de l'investissement dans les infrastructures du continent. Sous la houlette de Samaila Zubairu depuis juillet 2018, elle a non seulement atteint un an en avance son objectif quinquennal, mais aussi ses actifs se sont fortement dopés. Ils ont presque décuplé depuis 2008. Dotée maintenant de 10,8 milliards de dollars d'actifs (au 1er semestre 2023), sa croissance annuelle moyenne de 16% s'est particulièrement accélérée ces cinq dernières années.

Si à ses débuts elle ne comptait que deux États membres, aujourd'hui elle en a 42, contre 14 seulement en 2016. Une belle montée qui confirme l'engouement grandissant pour cette institution à travers le continent. En 2022, ce ne sont pas moins de six nouveaux venus sur le tableau des pays membres : la Tunisie, l'Angola, le Soudan du Sud, le Cameroun, le Botswana, la Somalie et l'Éthiopie.

Sur le plan du capital, des apports substantiels ont été faits récemment grâce à des injections de la Public Investment Corporation (PIC), le géant sud-africain de fonds de pension, avec une mise de 100 millions de dollars, et l'Égypte, premier pays nord-africain membre de l’organisation, à hauteur de 95 millions. Des fonds qui renforcent sa position et élargissent ses marges de manœuvre, d’autant que l’institution qui compte à ce jour 37 investisseurs, majoritairement des souverains et institutions multilatérales africains jouit d’une bonne notation A3 de Moody’s.

 

Energies, zones industrielles, ports, minerais, raffineries

Quant aux investissements, ils ne chôment pas non plus. En 2022, 222 millions de dollars ont été alloués au secteur énergétique, faisant grimper la valeur totale des investissements dans ce secteur à 782 millions de dollars. Et ce n'est pas tout. Un surplus de 200 millions, prévu initialement pour 2022, devrait être réinjecté en 2023.

A titre d’illustration, l'AFC vient d'acquérir la totalité de Lekela Power, le plus grand producteur indépendant d'énergie renouvelable en Afrique, en partenariat avec la société égyptienne Infinity Power. Lekela Power représente un portefeuille de plus de 1,23 gigawatt de capacités éoliennes installées avec cinq centrales en Afrique du Sud pour un total de 624 MW, une centrale de 252 MW en Égypte et le site sénégalais de 159 MW. Plusieurs autres projets sont en développement en Égypte, au Sénégal, mais aussi au Ghana.

Dans la continuité de ses efforts soutenus dans le secteur énergétique, l'AFC n'hésite pas à s'engager dans des projets aux enjeux multiples. Ainsi, outre l'acquisition notable de Lekela Power, l'institution finance également des projets clés à travers le continent. Parmi ceux-ci, l'usine de pigments de dioxyde de titane de Nyanza Light Metals en Afrique du Sud constitue un autre exemple éloquent. Ce projet voit l'AFC agir comme co-arrangeur principal mandaté, facilitant des investissements de suivi jusqu'à 500 millions de dollars.

Mais il y a plus. Le projet du Cap des Biches de 300 MW au Sénégal, une centrale électrique à cycle combiné à double combustible, ne se contente pas de répondre aux besoins énergétiques de la région. Il vise également une réduction annuelle des émissions de CO2 de près de 1 000 tonnes, faisant écho aux engagements environnementaux de plus en plus pressants.

Par ailleurs, l’institution multilatérale ne se cantonne pas à l'énergie. Son portefeuille couvre un éventail de secteurs, allant des transports aux ressources naturelles, en passant par les télécoms aux industries lourdes. Un exemple frappant est sa participation majoritaire dans ARISE IIP aux côtés du FEDA d'Afreximbank. Ce partenariat a revitalisé divers actifs déjà opérationnels, y compris le NKOK au Gabon, la PIA au Togo et le GDIZ au Bénin, ainsi que sept autres Zones Économiques Spéciales (ZES) en cours de développement ou en négociation, en particulier en Côte d'Ivoire, au Tchad, au Congo, au Rwanda et au Nigeria. Objectif : bâtir un écosystème complet pour valoriser les matières premières africaines et surtout construire des chaînes de valeur durables sur le continent. Une ambition qui passe également par la mise en place d’investissements dans les télécoms (câbles marins, fibres optique, datacenters) dans les industries lourdes notamment le secteur du pétrole où l’Afrique est un grand producteur.

Sur le palier des industries lourdes, les engagements de l’AFC sont tout aussi éloquents.  En allouant une dette senior de 300 millions de dollars à Dangote Industries, l’institution joue un rôle déterminant dans le financement de la nouvelle raffinerie de pétrole brut et l’usine de production d'urée de l’homme d’affaires nigérian, une infrastructure qui pourrait propulser le pays vers l'autosuffisance énergétique. Elle a occupé également une place pivot en tant qu'arrangeur principal dans la mise en place d’un package de financement de 650 millions d'euros pour moderniser et augmenter de 25% la capacité de production de la SAR, la seule raffinerie au Sénégal.

 

Capacité d’accès aux marchés financiers internationaux

Ces engagements sont soutenus par la mobilisation de fonds sur les marchés financiers mondiaux. Depuis le début de ses opérations, l'Africa Finance Corporation (AFC) a créé un pont solide entre la confiance des investisseurs internationaux et son mandat de développement en Afrique. Avec environ 5,7 milliards de dollars levés sur les marchés de la dette, l'organisme a su conquérir la confiance des investisseurs mondiaux. Le bilan de 2022 en est une preuve éclatante : l'AFC a sécurisé un financement supplémentaire de 1,4 milliard de dollars, portant son portefeuille total d'emprunts à 7,6 milliards de dollars.

Le mérite de cette performance est à attribuer aussi bien à la qualité du profil de risque de l'AFC qu'à sa stratégie de diversification des sources de financement. Parmi les opérations marquantes de l'année écoulée, figurent un prêt de 100 millions d'euros de Cassa Depositi e Prestiti SpA, un prêt samouraï bimonétaire de trois ans à hauteur de 419 millions de dollars, un prêt à terme Kimchi de 160 millions de dollars et un prêt bilatéral de 100 millions de dollars provenant de la Korea Development Bank.

En doublant ses actifs depuis 2018, l'AFC ne se contente pas de montrer ses muscles financiers. Elle se profile surtout comme une entité capable de jongler avec des mécanismes financiers de haute volée, des monnaies diverses et des cadres réglementaires variés. Un savoir-faire qui, pourrait galvaniser davantage la confiance des partenaires et des investisseurs africains dans les initiatives de l'AFC. Seul bémol, la détérioration de la qualité du crédit dans des pays tels que le Nigeria et le Ghana pourrait freiner ses perspectives. Néanmoins, avec d'importantes réserves de liquidités (un ratio de couverture des liquidités de 202%) et un accès aux marchés de financement, l'AFC semble avoir les moyens de surmonter ces défis.

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